Présentation
De mai à septembre 2008, Marie Cosnay assiste à des audiences d’étrangers présentés au Juge des Libertés et de la Détention de Bayonne. Juge qui décide de prolonger la rétention de ces étrangers qu’on appelle « sans papiers » dans les Centres de Rétention Administrative. Étrangers venus de pays où ils sont menacés, d’une manière ou d’une autre, et parfois installés en France et en Europe depuis de longues années. Pendant ces audiences, Marie Cosnay note ce qui se passe, ce qui se dit, les faits, les gestes, les paroles. D’assister ainsi à la mise en place d’un système et d’une politique qui brisent les individus la submerge de chagrin et du sentiment du néant.
C’est pour quitter l’espace du chagrin et du néant qu’elle décide d’écrire les récits de ces audiences, de ces moments si particuliers où une personne, saisie dans son rapport avec l’administration et la loi française ou européenne du moment, n’est plus qu’un cas. Marie Cosnay s’efforce, dans son texte, de rendre à cette personne sa dignité. Et de témoigner, de sa place de témoin chagriné, de sa place d’habitante frontalière, de ce qui, en son nom, en notre nom, se poursuit, en Europe et en France.
(...) s’il n’est pas question de fiction, l’on se trouve bien ici dans un travail de nature littéraire. Par la forme choisie comme par la façon de chercher à lire tout ce qui dans la salle d’audience peut signifier. Avec toujours au premier plan la langue. L’écrivain, aujourd’hui plus que jamais, ne renonce pas à sa fonction d’« obstiné secrétaire de la société ».
– Jean-Claude Lebrun, L’Humanité du 7 avril 2011
Si le fascicule de Stéphane Hessel ne pouvait nous indigner qu’à cause de sa vacuité, Entre chagrin et néant de Marie Cosnay dont les éditions Cadex proposent une nouvelle édition est un ouvrage qui aurait dû susciter une véritable indignation si les grands médias avaient pris la peine de s’intéresser à ce livre de Marie Cosnay sur l’immigration clandestine.(...)
La lecture d’ Entre chagrin et néant est salutaire, elle permet de ne pas oublier que ces fameux clandestins sont des hommes de chair et de sang, des êtres singuliers qui mériteraient de notre part plus de considération et moins d’indifférence.
– Éric Bonnargent, Indignez-vous !, L’Anagnoste
Des notes qu’elle a prises dans cet espace clos, tendu par les figures anonymes du juge, de l’avocat et du représentant du préfet, Marie Cosnay a tiré un ouvrage magnifique, qui extirpe aux silences et aux mots des tribunaux toute leur substance souterraine, inavouable, dévoilant une xénophobie tranquille, instituée. (...) De cet ouvrage profondément humaniste résonne ce cri d’indignation poussé par un homme condamné à l’expulsion : « vos lois, elles ne sont pas légales. »
– Allan Kaval, Marianne
Ce livre existe pour l’histoire ; pour notre époque, il a la vertu de montrer comment se referment les mâchoires de la bêtise au pouvoir et de ré-affirmer que nous ne cesserons pas, ni les uns ni les autres, chacun selon sa juste façon, que nous ne cesserons pas d’écrire, que personne ne nous fera cesser d’écrire sur ce scandale des violences faites ici aux migrants.
– Nicole Caligaris, Sitaudis.fr
On salue Marie Cosnay qui se pose de si justes questions sans verser dans la moindre pose (or il faut, assurément, un peu de courage, pour y aller, pour rester, pour assister, encore et encore, tenir).
– Guénaël Boutouillet, Remue.net
On sort de ce livre avec une envie de crier, en même temps, et c’est son paradoxe, qu’on éprouve une sorte de joie ou de plaisir à avoir rencontré un moment vrai de notre époque. La question de la langue y est primordiale : du réel impossible à comprendre d’une langue l’autre à celle avec quoi on forge une société xénophobe. « Il faudrait des compétences exceptionnelles et partagées pour analyser, à partir du vocabulaire et de ses minuscules glissements, comment une société (dont on entend les représentants, car ils ont la parole) devient peu à peu, d’escalade en escalade, raciste et dangereuse. » Ce livre le montre assez bien même si Marie Cosnay ne se pose pas en philosophe ou sociologue mais seulement en témoin. Un témoin qui sait voir dans l’autre la part de nous tous.
– Thierry Guichard, Le Matricule des anges
Pour donner le ton de 2012, voici une lecture incontournable, que tu dois courir commander chez ton libraire (j’ai quelques adresses si tu veux) pour te fabriquer en urgence un savoir sur le monde comme il déraille jour après jour, pour savoir les noms, les histoires, les exemples, pour te muscler l’âme et la pensée. Savoir pour combattre malgré la fatigue, la fatigue immense, à l’idée de tout ce qui est à l’œuvre et qui encore, toujours, s’en vient.(...) il faut tout lire, c’est limpide, c’est urgent.
– Mariette Navarro, Petit oiseau de révolution.
Alors que nous sommes inondés de rapports dénonçant le traitement des étrangers par le gouvernement, seule la lecture de cet ouvrage semble transpercer notre carapace de l’indifférence. (...) « A proximité de l’indifférence, il y a la haine » écrivait Georges Simmel. Le livre de Marie Cosnay est une invitation à réagir, à se réapproprier l’espace public et l’espace civil. Un objectif qui n’est plus vraiment littéraire mais qui ressemble au travail de ces artistes qui répondent à une situation politique par un travail artistique.
– Jean-Sebastien Mora, Mrafundazioa-alda.org
– Article de Joël Jégouzo sur son blog.