Présentation
L’ouvrage accueille trois poèmes d’un des auteurs les plus marquants de la littérature contemporaine : La Femme et le violoncelle, La Transparence du pronom elle, et Le Taureau, la rose, un poème (ce dernier texte a déjà été publié par Cadex en 1990). On retrouve le fameux boitement du vers et de la syntaxe, les singuliers mots-béquilles sur lesquels le lecteur comme l’auteur s’appuient pour avancer dans le poème, la simplicité presque archaïque des scènes, qui rapprochent encore le poète de celui qui le lit.
Le taureau dessine / Un geste précis / Et rouge assassine / Le monde et midi.
La mise en page, complice du déhanchement de la langue, rend très fidèlement la singularité du style, dans un va-et-vient très souple de la forme à l’informe.
"Comme toujours chez Sacré, on avance dans le texte en état de rêverie, de communion donc, surpris de presque éprouver ce qu’il éprouve, délicieusement promené dans cette syntaxe qui fait des écarts pour atteindre plus sûrement son but, car c’est en faisant le chemin, en prenant le temps de faire le chemin et d’aimer ce chemin qu’on aura compris pourquoi on chemine plutôt que vers quoi. (...)
C’est la belle réussite de ce livre : une liberté qui sait évoquer l’émotion autant que la pulsion sexuelle, sans pudibonderie et sans vulgarité. La langue poétique de James Sacré est une offrande à l’être aimé autant qu’au lecteur. Merci Monsieur Sacré, c’est beau de redire ainsi “Je t’aime” et de nous le faire partager.« - Jean-Christophe Belleveaux, (Liqueur 44, n°81, printemps 2006) »James Sacré rassemble trois anciens ouvrages minces (dont son tout premier, La Femme et le violoncelle, Promesse, 1966), en un seul ouvrage, dédié à Mary, hommage à sa femme, à la femme, au corps désiré, et, il ne peut en être autrement avec James Sacré, à la poésie, objet de désir, et de toute manière amoureuse, tension vers l’autre et caresse du regard et sensualité du déplacement et crudité du dire et déhanchement érotique au bout du compte, aspiration à une sexualité cosmique (« Elle joint dans l’herbe l’homme et le monde », dit-il d’elle, sa femme). Qu’il l’évoque au violoncelle, le voilà « debout solide avec sa verge heureuse bien serrée dans la musique », le plus haut lieu étant celui « doux et dur au centre de la femme », parce que là se trouve « le centre du langage », dont peuvent s’élever les variations du verbe « aimer » qui vont irriguer la phrase et emplir chaque mot, furieusement, sexualité et musicalité en James Sacré combinent.
Jean-Pascal Dubost, MdP
Le recueil de poèmes est sélectionné pour le Prix des Découvreurs 2007 de la Ville de Boulogne-sur-Mer.
Voir la présentation de Georges Guillain