Présentation
Depuis le début des années quatre-vingt, dans la lignée de Sade et de Bataille, Jean-Claude Hauc poursuit son expérience littéraire. Mais alors que le premier découvrit le vide au cœur du désir et le second le néant de l’ « expérience intérieure » par une sorte de mystique à l’envers, la démarche de Hauc ne vise aucun point conclusif à partir d’une thèse apriorique : il ne s’agit pas de démontrer mais de « monstrer ».Le texte est conçu tel un dispositif, un laboratoire au sein duquel l’auteur se livre à une alchimie qui lui est propre. Si l’écrivain met à nu, à vif, le noyau noir de l’être, s’il lui est nécessaire d’en arriver là - pour ainsi dire « au fond » (et jusqu’à s’y dissoudre comme dans Les Eaux noires) -, ce qui importe, c’est autre chose qui fait pour lui question. L’essentiel chez Hauc réside dans l’écriture et sa dynamique, acte en tension vers la primitivité sauvage qui remue le ventre du texte et s’y traduit en épopée. L’économie qui anime son écrit réalise une poétique de l’extrême, s’efforce de cerner quelque chose qui n’a pas de fin, littéralement un infini se dépliant monstrueusement dans les limites de notre condition. Comme si le texte nous posait la question suivante : dès lors qu’elle outrepasse ce que nous croyons être, que peut, à la fin, la Littérature ?
Philippe Lekeuche, « D’une dissolution sublime » (extrait) in Le Mensuel, 2003.