À la Dublineuse
Christian Prigent

publication 2001
23,00  (21,80  HT)

À la Dublineuse, Christian Prigent, poèmes, 36 peintures de Serge Lunal, ouvrage en quadrichromie, hors collection, 17x24 cm, 64 p., 2001, ISBN : 2.913388.24.8

Présentation

Un long poème de Christian Prigent pris dans les couleurs du peintre Serge Lunal : À la Dublineuse est un livre haut en couleur. Le cadeau que Cadex se fait à lui-même.

« Rentrez vos yeux dans vos naseaux » dit le long poème écrit il y a quelques années par Christian Prigent et jusque-là inédit. À la Dublineuse fait dans son titre référence à Joyce et évoque la mer qui sépare la France de l’Irlande. Mais c’est bien de vision qu’il est question dans ces joyeux vers : le paysage mis à plat ressemble à un tableau. Du rose des viandes, au violet du sujet en passant par le « fond rouge/muqueuse de l’eau qui bouge », le texte porte sa propre palette que rehausse les couleurs avec lesquelles il a été imprimé : bleu le plus souvent, il lui arrive d’alterner sur la page le rouge, l’orange et l’outremer.
Mais comme si cela ne suffisait pas, le peintre nîmois Serge Lunal s’est emparé de lui pour le plonger dans un maestro de couleurs, vives comme des courants marins les jours de grande marée. Ça secoue drôlement les mirettes d’une double page à l’autre, jouant comme le texte joue, alternant l’invasion des rouges, le surgissement des bleus, noyant ici le texte, le rejetant là sur le bord de la page, lui laissant ailleurs une île de blanc où s’étendre.
On connaissait la propension de Prigent à faire jouer les mots comme un potache scatologique (« Je t’ai salie vieille eau d’séant »). Associé à la vigueur du pinceau de Lunal, le comique prend ici quelque chose d’enfantin, dans une apparente spontanéité qui emporte tout.
Tout le livre est recouvert de peinture, comme s’il avait été trempé dans la matière même des couleurs. Le travail remarquable de la photogravure nous fait voir les lignes de force et de brisure du geste du peintre, où se lisent quelques citations du mouvement Support/Surface.
Un tel livre est inimaginable pour un petit éditeur, le coût de la photogravure devant être prohibitif. À moins d’en faire un livre d’artiste, tiré à peu d’exemplaires et vendus en galerie. Gérard Fabre qui dirige les éditions Cadex en a fait un livre de poésie, destiné à tous (tiré à 750 exemplaires), au prix d’un affreux thriller de grande maison d’édition. Si ce n’est pas un coup de coeur ça !
 Thierry Guichard, in Le Matricule des anges

Extrait

millions masses mètres-cubes
millyeux
les écailles tombent c’est
la trombe
c’était dehors voyons dedans :
dedans les membres caillent
la mousse pompe
les trombes touillent dans le bouillon
le rose cambré de bonté fraîche
les viandes rèches que des bouches
lèchent

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« La porte s’ouvre, un cardinal et un mannequin l’effleurent. Le coude de la jeune fille laisse une traînée de poudre sur sa manche renardée, c’est dimanche et pourtant les anges vomissent des arcs-en-ciel. Elle s’engouffre, presse le bouton 4. La porte s’ouvre, le silence l’affleure. »
Chloé Delaume
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